Biographie sommaire de quelques personnalités
Alexandre Jaubert
Les éléments biographiques disponibles, indispensables pour situer l’histoire de ce quartier dans Pessac, ont été brièvement évoqués dans les chapitres précédents.
François Pommez
Une grande partie des éléments de sa biographie nous a été transmise par son petit-fils, le Docteur Jean Pommez.
Prénommé plus complètement Jean-Baptiste François, il est né à Agnos, dans les Pyrénées Atlantiques, le 24 avril 1849.
L’un de ses ancêtres fut conseiller municipal de Pessac sous la Restauration, en 1826. Plus tard, l’un de ses cousins germains, Rémi (Jean, Bernard, Rémi) Pommez, exploitait à Pessac le Château Laburthe-Brivazac Haut Brion qui est resté propriété de la famille jusqu’à sa confiscation par les autorités allemandes durant la guerre 39-45, et son rachat ultérieur par l’Etat Français. Le terrain correspondant est maintenant absorbé par le Campus Universitaire.
Très jeune, de 1865 à 1867, il fut employé chez Souviron et Pallas, à Oloron Sainte Marie. En mai 1867, à 18 ans, il partit vers l’Argentine où il restera 22 ans.
A son arrivée à Buenos-Ayres, il entra chez Lassale fils, où il sera intéressé aux affaires 5 ans plus tard. Avant de se retirer en Europe en 1877, M. Lassale lui confiera la gérance de sa maison. En 1884, il gérera à Buenos Ayres, outre la maison Lassale, la branche argentine de la maison Cahen et Guillierme, installée à Paris.
Le 21 avril 1888, âgé de 39 ans, il épousa, à Oloron Sainte Marie, Jeanne Marguerite Laffore, née à Bordeaux le 4 septembre 1862, qui lui donnera quatre garçons. Ce mariage était la condition pour recevoir, en donation de son cousin Rémi Pommez, les immeubles situés aux numéros 3, 5, 7, 9, 11, 17 et 19 de la rue du Commandant Arnould à Bordeaux, contre une rente viagère de 10 000 Francs.
En 1890, une crise épouvantable en Argentine lui fit liquider ses entreprises et revenir avec une fortune d’environ 1 500 000 Francs. Notons que l’achat du domaine Thibaut par la suite lui coûtera seulement 9% de ce capital.
Durant ses 22 ans de séjour en Argentine, François Pommez a été honoré de différentes fonctions ou titres:
– Président du Club Français de Buenos-Aires entre 1870 et 1884 ;
– Président de la Bourse de 1881 à 1885 ;
– Secrétaire de la Chambre Française de Commerce de Buenos-Aires en 1885 ;
– Président de la Société Philanthropique Française du Rio de la Plata en 1886 ;
– Président de l’Hôpital Français de Buenos-Aires, fondé avec sa participation dans le pour recueil de fonds en France;
– Fondateur et premier Administrateur Délégué, en 1886-1887, de la Banque Française du Rio de la Plata.
Après son retour en Aquitaine, il fut aussi Conseiller Municipal à Cestas, de 1892 à 1900.
Il possédait les 7 maisons de la rue du Commandant Arnould qui lui furent données par son cousin Rémi, entre la place Pey Berland et la rue du Hâ, plus 2 maisons dans la rue du Hâ, aux numéros 29 et 41. Cette dernière maison, construite en 1750, fut le berceau de la famille et le domicile de Rémi Pommez. La résidence de François se trouvait dans le premier lot, au numéro 17, à cinquante mètres environ de la Cathédrale Saint André. Elle fut rénovée par son propriétaire avant 1914, avec mise au tout-à-l’égout, et conserve aujourd’hui encore un caractère d’opulence. Il y est décédé le 16 avril 1922.
Il était également propriétaire de deux maisons proches, au 35, cours Victor Hugo et au 69, rue des Faures, du Château Laburthe, à Pessac, et de notre quartier. Celui-ci semble avoir été pour lui une aventure du cœur, à cause de son attachement à Pessac, d’une part, et de l’esprit d’entreprise qui constituait sa marque, de l’autre.
Dans ce quartier, neuf terrains nus ou construits par Loubatié et Perriez sont restés en sa possession jusqu’à la fin de sa vie. Dans ce lot de terrains figure le Square du Casino, non loti au moment de son décès.
Hector Loubatié
Fils d’un commis et d’une ouvrière aux tabacs, prénommé en réalité Jean Hector Césarin, il est né à Bordeaux le 27 août 1862. Habitant rue de Preignac, au 11 probablement, il s’est marié le 7 décembre 1888 avec Marie Jeanne Lucie Peynaud, et a habité alors 63, rue Naujac à Bordeaux, avec sa femme et son beau-frère Georges.
La maison, sur deux niveaux et relativement petite, se trouvait proche (environ 300m) de celle de son beau-père, 145, rue Fondaudège à Bordeaux, pas très somptueuse non plus. Pourtant, la famille Peynaud possédait de nombreuses propriétés vers Biganos et Saint Jean d’Illac.
Dix ans plus tard, son adresse était 17, rue Thiac, peu éloignée de la précédente. D’autres adresses sont successivement mentionnées à Bordeaux: 24, rue Thiac, puis à Caudéran : 30b. rue de l’Ecole Normale.
Il posséda:
– une maison de campagne dans le Lot et Garonne, la rocaille à Pujols;
– une résidence secondaire à Arcachon, la villa Saint Jean 29, avenue Nelly Deganne, près de l’établissement construit pour son fils René (médecin) la villa Palestra aujourd’hui démolie;
– un pavillon de chasse sur la côte landaise, le chalet tout-petit à Montalivet,
– la maison déjà mentionnée dans le quartier Casino, au coin des actuelles avenues Jean Jaurès et Alexandre Jaubert.
Sa première femme, Lucie, est décédée à Bordeaux le 18 novembre 1902, lui laissant deux garçons et deux filles.
Membre, pendant plus de vingt-cinq ans de la Société des Architectes de Bordeaux et du Sud-Ouest, il semble n’avoir pas beaucoup construit hors de Gironde. Des activités dans les Pyrénées sont citées, mais nous ignorons encore leur situation. Il fut architecte municipal de Pessac et, à ce titre, a conçu, entre autres, le monument aux morts de la place de la Vème République. Beaucoup de travaux d’entretien sont cités.
Il a participé en 1908 au plan d’un Cinéma National Pathé, cours de l’Intendance à Bordeaux, qui semble n’avoir pas été réalisé.
Ses constructions repérées sont situées à Bordeaux:
– un grand immeuble de bureaux, solide et équilibré, mais sans recherche, au 44 de la rue de la Faïencerie;
– angle des rues Berruer et Levieux,
– Ciné-Théatre Girondin, 17 cours Galliéni, d’un modern style tout particulièrement orné, réalisé en 1915.
Sa fortune ne semble jamais être devenue confortable. La maison située actuellement 23, rue Herman Lemoine, que sa femme avait héritée, semble avoir été hypothéquée en échange d’un prêt, et il en a été dessaisi pour non-remboursement. Par ailleurs, sa belle maison au coin de l’avenue Alexandre Jaubert a été vendue le 5 avril 1906 sans qu’il l’ait apparemment habitée. Il semble bien que sa propriété de cette maison ait été aidée par François Pommez.
Près du Parc Bordelais, rue du Bocage et avenue Carnot, se trouvent de nombreuses constructions contemporaines de celles d’Hector Loubatié. Elles sont l’œuvre d’architectes très divers, mais le style reste typique du tournant 19ème/20ème siècle.
Citons, probablement contemporaines de celles de notre quartier, neuf superbes maisons conçues par Alfred Duprat, cote à cote depuis le 22 jusqu’au 30 de la rue du Bocage. Dans ce groupe existent, rue de Mexico, tout près de la rue de l’Ecole Normale où logeait Hector Loubatié en 1906, quatre maisons à étage signées par ce dernier:
– au numéro 45, construite en 1900, de style arcachonnais;
– aux numéros 9, 11, et 13, construites en 1930, de style arts déco.
La maison située au 9, qui lui appartenait, est celle dans laquelle est mort Hector Loubatié le 26 novembre 1939. Elle est assez modeste et porte, en façade, un macaron en bas-relief ésotérique, avec un visage de femme à contour rigoureusement circulaire, masqué de deux équerres percées sur les yeux. La chevelure, peignée en boucles à la mode de l’époque, est coiffée d’un compas très ouvert.
Charles Perriez
Charles Jean, pour l’état civil, est né à Bordeaux le 8 mars 1841. Il habitait, en 1898, à Bordeaux 44, rue Mondenard, assez près des adresses d’Hector Loubatié. Il y est décédé le 10 octobre 1901. Sa famille est restée en possession de ses biens immobiliers après sa disparition.