Projet de contournement autoroutier de Bordeaux (2003)

Commission particulière du débat public

Le Comité Interministériel d’Aménagement et d’Équipement du Territoire (CIADT) a inscrit le contournement parmi les 50 grands projets pour la France au cours de sa réunion du 18 décembre 2003, anticipant sur les conclusions de la commission particulière du débat public dont les membres ont décidé de cesser l’animation du débat public qu’ils jugent n’avoir plus de raison d’être.

Pour en savoir plus :

Planifier les infrastructures de transport. Rapport d’information de M. Patrick Ollier, fait au nom de la commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire. Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 17 décembre 2003.
Le rapport (site de l’Assemblée nationale).

L’audit des grands projets d’infrastructures de transport commandé en août dernier par le gouvernement et réalisé par le Conseil général des Ponts et Chaussées et l’Inspection générale des finances.

Le rapport d’Henri de Richemont sur le cabotage maritime et le pavillon français : un pavillon attractif, un cabotage crédible, deux atouts pour la France .

Le rapport d’Hubert HAENEL et François GERBAUD sur le fret ferroviaire

La DATAR a également présenté une étude : “ La France en Europe : quelle ambition pour la politique des transports ? 

Le débat public sur le projet de contournement autoroutier de Bordeaux est engagé. Les Pessacais sont concernés par ce problème à plusieurs titres : ils sont potentiellement utilisateurs de la rocade, ils en subissent les nuisances en tant que riverains, sans oublier la sécurité routière sérieusement malmenée par le flux des véhicules qui empruntent à vive allure les voies de la ville pour éviter les bouchons.

Sans entrer dans le détail, trois débats se sont  déroulés à Bordeaux les 20, 27 et 28 novembre à Bordeaux sur le thème des transports, de l’environnement et des enjeux économiques. Il est très difficile de se faire une opinion objective sur le sujet car elle repose sur des hypothèses sur ce que seront les transports dans 15 ans et plus. Les partisans du contournement extrapolent les chiffres du trafic actuel pour justifier leur position alors que les opposants tablent sur une évolution à la baisse, misant sur le recul du trafic autoroutier au profit du ferroutage et sur l’épuisement des ressources fossiles.

Des fiches appelées Paroles d’acteur sont largement diffusées. Nous avons tenté d’en faire une rapide synthèse.

Pour

Dans l’ensemble, tous les partisans du contournement sont d’accord pour dire que la saturation de la rocade est provoquée par le mélange des flux de dessertes locales et des flux de transit nord-sud.

Pour le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF Gironde), le développement économique de Bordeaux et de sa région impose non pas un mais deux contournements ; le contournement par l’ouest qui irriguerait l’aéroport de Mérignac, le port du Verdon et les zones d’activité de Cestas, Pessac, Mérignac, Saint Médard en Jalles, Blanquefort et Bassens est prioritaire sur celui qui passerait à l’est de Bordeaux et qui permettrait la connexion des autoroutes A-10, A-89 et A-62.

Les Chambres de Commerce et d’Industrie d’Aquitaine (CCI) demandent que ce contournement soit à péage avec obligation pour les trafics de transit de l’emprunter. Elles souhaitent que le nombre d’échangeurs soit limité pour éviter l’étalement urbain.

La Chambre d’Agriculture de la Gironde ne s’opposera pas à un ouvrage dont l’objet est l’amélioration de la circulation des personnes et des marchandises, malgré l’impact très fort aux niveaux paysager, patrimonial et sur le vignoble.

D.U.R.R.A.B.L.E. (Défense des Usagers du Réseau Routier de l’Agglomération Bordelaise et les Localités Environnantes) opte pour un contournement par l’ouest pour des raisons économiques : développement du port autonome de Bordeaux favorable au cabotage maritime, amélioration de l’accès à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, désenclavement du Nord Gironde, etc.

 Le Port Autonome de Bordeaux  est lui aussi favorable à un contournement par l’ouest car il permettrait d’améliorer la desserte des zones logistiques de l’agglomération bordelaise notamment les terminaux de Bassens-Ambès et du Verdon. Il propose un franchissement souterrain de la Garonne conçu pour le transport de certaines matières dangereuses.

Le Conseil économique et social Régional d’Aquitaine pour sa part énonce un certain nombre de principes qui devront être pris en compte dans la rédaction du cahier des charges du contournement pour qu’il remplisse effectivement sa mission qui est de détourner de la rocade tout le trafic de transit nord-sud. Il est favorable à un contournement par l’ouest pour des raisons économiques (desserte des zones logistiques).

Sans prendre position sur une solution, la Fédération des syndicats de quartier de Pessac s’est également exprimée sur le sujet en proposant de nouvelles pistes de réflexion. En effet, le problème de la saturation de la rocade s’inscrit dans un débat beaucoup plus large, celui d’un plan intermodal volontariste du développement durable des transports dans lequel il convient de favoriser le report modal sur le maritime et le fer.

L’Association des Usagers du Transport de la région Aquitaine (AUTRA) conteste certaines estimations contenues dans le dossier du maître d’ouvrage. Elle insiste sur la nécessité de favoriser le transport ferroviaire en détournant les marchandises en transit de la gare Saint Jean. Sans être opposée au principe du contournement, elle propose que soit réalisé en priorité la construction du pont urbain Lucien Faure, puis les contournements ferroviaire et routier, en marquant une préférence pour le contournement par l’est.

Cette analyse sur le contournement ferroviaire est partagée par le Réseau Ferré de France qui propose un contournement de Bordeaux qui irait, au minimum de Coutras à Facture.

La Fédération des Entreprises de Transport et Logistique de France (TLF) insiste pour sa part sur l’urgence d’un contournement autoroutier par l’Ouest.

Le Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest est plutôt favorable au principe d’un contournement sans être en mesure de choisir la meilleure solution, est ou ouest. Il demande que le cahier des charges prenne en compte un certain nombre de points tels que les espaces protégés au titre de l’environnement, l’analyse des réseaux hydrauliques ou l’infrastructure mise en place dans le cadre de la lutte contre l’incendie.

Le Comité Régional des transports et de l’Équipement CFDT Aquitaine, favorable à un contournement autoroutier par l’est, analyse dans le détail l’évolution actuelle du transport routier dont il dénonce le développement libéral. Il fait des propositions qui tendent à  favoriser l’intermodalité des transports de marchandises (routier, ferroviaire et maritime).

Contre

L’Association de Sauvegarde des Habitants de la Presqu’île d’Ambès préfère parler d’évitement de Bordeaux en proposant une solution alternative d’autoroute qui longerait la côte atlantique avec un franchissement de la Gironde au niveau du Verdon. À cet ouvrage pourrait être associé un mécanisme de régulation fluviomaritime permettant de réduire le risque inondation pour l’ensemble des riverains du fleuve du Verdon à Bordeaux.

Pour la Fédération départementale des Chasseurs de la Gironde, le contournement perturbera l’environnement des territoires propices à la faune. À la limite, le contournement par l’est lui semble être un moindre mal ; le contournement par l’ouest anéantirait à terme l’identité de la presqu’île médocaine.

Le collectif Bordeaux Incontournable estime que la proposition de contournement est inacceptable car l’offre d’infrastructure en matière de transport crée la demande – et non l’inverse – et fonctionne comme un véritable aspirateur à poids lourds  au lieu de résoudre le problème. La priorité du Débat doit être pleinement accordée au problème de l’opportunité de ce projet dommageable par les nuisances qu’il implique : bruit, pollutions, risques et consommation d’énergie, avec aggravation de l’effet de serre et son impact sur le changement climatique. Il est impossible en raison de la limitation des ressources fossiles qui se chiffrent en décennies, c’est à dire l’ordre de grandeur du temps qui est celui de de la construction de ces grandes infrastructures.

Le collectif Bordeaux incontournable propose comme alternative le ferroutage en libérant les voies anciennes pour le fret ferroviaire. Il conteste l’idée d’un contournement sans échangeurs et redoute l’urbanisation qui en résultera. Enfin, il redoute l’impact négatif sur l’environnement que ne manquera pas d’entraîner un tel projet.

Citons également les avis défavorables des personnes qui ont l’occasion de s’exprimer sur le forum mis en place dans le cadre du débat public

Le projet de contournement autoroutier de Bordeaux par une autoroute à péage évitant l’agglomération a été soumis au débat public jusqu’au 15 janvier 2004.